Sahune, dans le Drôme provençale
Sahune est un village de 300 habitants, situé dans la Drôme provençale, en amont de Nyons sur les rives de l’Eygues. Sahune est situé à 12 km à l’ouest de Rémuzat (chef-lieu du canton) et à 15 km au nord-est de Nyons.
La première mention du castrum de Sahune (Anseduna) datent du début du 11e siècle (cartulaire du chapitre de Vaison). Il relevait alors du diocèse de Die. Plusieurs manses sont donnés par une famille présente le long de la vallée de l’Eygues
Au 12e siècle, la paroisse relève du diocèse de Sisteron. Les plus anciens vestiges du château et du village datent du 13ie siècle. Une chapelle, dédiée à saint Michel, était accolée au château.
Le village actuel est au bord de la rivière le long de la grande route. En hauteur, se trouve le vieux village abandonné.
Le vieux Sahune surplombe la vallée
Jusqu’au milieu du 19éme siècle la vallée de Sahune constituait un cul-de-sac car le lit de l’Eygues s’enfonçant à t’est dans des gorges infranchissables, le seul accès facile se trouvait en aval, à l’ouest. Au nord et au sud les montagnes n’autorisaient le passage qu’aux piétons et aux mules. Bien que peuplée depuis l’âge du bronze, la modeste plaine n’était pas un lieu de passage et vivait en autarcie quasi totale. Les tracés d’un oppidum et d’une voie romaine, les ruines d’une abbaye cistercienne, les restes d’un château fort et d’un rempart entourant un village presque totalement ruiné, attestent cependant qu’une importante population vivait et prospérait ici.
Il semble que les péripéties dues aux changements de propriétaires du château n’aient eu que peu de résonance parmi la population locale -si ce n’est chez les notaires – et même les guerres de religion n’ont pas marqué la mémoire collective des Sahunais. En 1728 la paroisse compte 686 habitants, elle dépassera même les 800 au cours du 18ème siècle.
La Révolution ne marquera guère plus l’opinion, la mise en vente des biens nationaux n’ayant trouvé preneur que pour l’ancienne chapelle du château et quelques terres y attenant. A l’aube du 19éme siècle l’économie sahunaise reste, comme aux siècles précédents, en grande partie autarcique. A l’exception du sel, du sucre et du café, l’agriculture locale fournit tout ce qui est nécessaire à la vie: nourriture. vêtements, habitat, mobilier, etc. Seule denrée rare, l’argent liquide. Il ne peut provenir que de la vente, à Nyons principalement, des excédents de la production locale: olives et huile, amandes, noix, laine, agneaux, peaux, cocons, plantes tinctoriales (la garance), objets manufacturés au premier rang desquels les chaussures.
En effet, jusqu’à la fin du siècle Sahune restera un village de cordonniers, on en comptera plus de 75 répartis dans divers ateliers de un à quatorze ouvriers. Les premières cordonneries industrielles créées à Romans vers 1890 entraîneront, peu à peu, la disparition de ce pittoresque artisanat.
Et puis dans les années 1930, le village s’établit dans la plaine.
Le manque d’eau et de soleil, la fin de l’autarcie, la fin d’une agriculture moyenâgeuse et l’hécatombe de 1914 ont eu raison du vieux village.
Suite à la construction, en 1888, d’un nouveau pont, d’une nouvelle église, en 1931, et d’un nouveau cimetière et le fait que l’activité économique (usine à soie), artisanale (maréchal-ferrant, auberge, commerces) et, administrative (Mairie, poste) se faisaient au niveau de la N-94 en contrebas, l’abandon du vieux village à la fin des années 1930 par ses derniers habitants était inévitable.
Les maisons sans tuiles (pour ne plus payer d’impôts), le lierre, la mauvaise chaux qui ne supporte pas l’humidité et la pioche des récupérateurs de matériaux de construction ont fini par faire tomber en quelques années des murs plusieurs fois centenaires.
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